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Le courant sur la Seine

Hiver 2018

En cette période hivernale - nous sommes en janvier 2018 - il n'a échappé à aucun des habitués des entrainements du samedi que le courant sur la Seine est conséquent, voire franchement intimidant aux abords des piles de ponts.
Celles et ceux qui optent pour le tour de Seine jusqu'au bout de l'ile Saint-Germain ont forcément remarqué que les anciens faisaient des choix tactiques pour remonter au mieux le courant. Ils font bien, parce qu'à certains endroits, il est assez puissant pour nous amener à faire du quasi sur-place, face à un courant qui peut atteindre 3 noeuds (5,5 km/h). Mais, en se débrouillant bien, on peut même trouver des "contres", c'est-à-dire des courants remontant vers l'amont.

L'expérience aidant, ces choix tactiques sont tout à fait justifiés. Restait à le confirmer par des mesures plus précises que je vous expose ici. Les schémas montrent les valeurs pour un courant de référence de 1 noeud (1,85 km/h) au milieu de la Seine face au ponton.

La rive extérieure plus rapide

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Le courant est toujours plus rapide vers l'extérieur d'un méandre, c'est une loi physique que tous les mordus des grandes rivières connaissent bien. Sur une rivière comme la Drôme, c'est parfaitement lisible et ça fait partie du jeu - très plaisant au demeurant - surtout quand on navigue en canoë. Ceci explique pourquoi, au cours de notre trajet, nous traversons presque toujours le fleuve après le pont de Sèvres. En effet, le courant au ras de la Seine Musicale peut y être deux fois moins fort qu'en face, près de la rive gauche côté Issy Les Moulineaux. Par endroit, il peut s'annuler, voire même s'inverser dans certaines circonstances. Mais il existe d'autres raisons...

Moins de courant quand il y a moins de fond

C'est une autre loi physique des écoulements dans les fleuves. Près de la rive, le courant y est toujours moins fort qu'au centre du fleuve. Voilà une deuxième bonne raison pour éviter la rive gauche à Issy et passer au pied de la Seine Musicale. Dans cette zone, le fond est assez proche pour qu'on puisse l'apercevoir en été lorsque l'eau est claire. On peut même y voir des jeunes poissons au milieu des plantes aquatiques. La rareté de ce type de milieu à Paris est la cause du faible empoissonnement de la Seine sur cette portion.
Cette donnée justifie également que par fort courant nous fassions tout ce que nous pouvons pour raser la berge et ce n'est pas qu'une question de péniche. C'est pourquoi, lors de la remontée de l'Ile Saint Germain par le grand bras, nous préférons longer la berge boisée sur notre droite. Je suis allé vérifier près de l'autre rive. Elle est bétonnée, le fond doit être à 2 ou 3 mètres et le courant y est presqu'aussi fort qu'au centre. Aucun intérêt, d'autant plus que c'est moche.

Les irrégularités de la rive créent des contres, mais aussi des accélérations

Chaque fois qu'un arbre, un bateau amarré ou mieux une levée de terrain s'avance dans le fleuve, il apparait juste derrière une zone protégée du courant. Lorsque celui-ci est peu prononcé, c'est une zone plus calme. S'il devient fort, il pourra y avoir un courant de contre que nous allons biens sûr exploiter au mieux lors de la rémontée.
Cela se voit particulièrement bien à l'extrémité aval de l'Ile Seguin : juste devant la pointe de la Seine Musicale existe un zone protégée sans courant où les kayakistes se retrouvent souvent. Par courant fort, un contre peut nous faire progresser vers ce refuge. Il arrive même qu'on trouve localement un courant remontant le long de l'Ile Seguin ou en bordure des arbres au début de l'Ile Saint Germain.

La contrepartie, c'est qu'au ras de l'obstacle le courant qui arrive peut être accéléré de façon significative. On s'en rend bien compte aux abords des piles de pont. En ce moment, où le courant dépasse les 2 nœuds (3,6 km/h) au milieu du fleuve, on est dans un contexte d'eau vive, avec d'inévitables remous dans la zone de cisaillement, lorsque les deux courants inverses se croisent.

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La configuration sous le pont de la D101, celui qu'on franchit lorsqu'on remonte l'Ile Saint Germain par la gauche illustre bien cette donnée. Les courants croisés obligent à une certaine vigilance en kayak de mer sinon on peut être emporté. En kayak de rivière, c'est un terrain de jeu tout à fait intéressant même pour les débrouillés, dommage qu'il soit un peu loin. C'est au ras de la pile du pont côté opposé à la rive que j'ai relevé le courant le plus rapide du parcours.

Le côté Issy plus favorable que le côté Boulogne

Si on préfère presque toujours le bras de Seine côté Issy, c'est parce que c'est plus joli (moins moche pour les pessimistes). Ça tombe bien, c'est aussi le plus favorable du point de vue du courant, probablement car les pointes des deux îles ont tendance à dévier le courant vers la droite. De même, le bras dit "mort" a globalement un courant un peu moins fort que l'autre, excepté certaines portions rétrécies entre deux péniches où il faut tirer et pousser fort pour franchir l'obstacle.

Au fait, comment j'ai fait ?

Je suis venu l'an dernier au printemps alors que le courant était encore bien marqué, avec un chronomètre et un bouchon de champagne attaché à une ficelle :

Bien sûr, j'ai refait plusieurs mesures et noté le résultat le plus fiable sur un bout de plastique blanc avec un feutre indélébile. Un calcul rapide prenant en compte la longueur du kayak et l'âge du capitaine donnait le résultat.
Pourquoi un bouchon de champagne ? C'est celui que j'ai ramassé alors qu'il dérivait sur le fleuve. A la belle saison, il y en a plus qu'on ne croit. Les fêtards des bords de Seine doivent apprécier la coutume consistant à faire péter le bouchon en direction de l'eau.

Vincent D

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